Santons de Charlevoix

– Attention, Plumeau, ces santons sont fragiles. 

– Des santons ? Ce ne sont pas des personnages de la crèche. Pourquoi les appelles-tu santons ? 

– Parce ce mot a pris de l'expansion, mon ami.

    Il est vrai que les santons évoquent d'abord les personnages de la crèche. Il vient du provençal santum, petit saint. Ce sont des figurines faites d'argile en référence à la bible dans le récit de la création : Dieu créa l'homme en le façonnant du limon de la terre.

    Les premiers santons, c'était Joseph, Marie et l'Enfant Jésus, mais petit à petit les santonniers provençaux ajoutèrent d'autres personnages à la crèche : l'âne, le bœuf, les bergers, les moutons, les mages et leur suite. Puis vinrent les gens du pays : le meunier, le boulanger, la fromagère, la lavandière, le boucher et autres.

    Ces petits personnages de Provence ont suscité chez Bernard Boivin de Saint-Joseph-de-la-Rive l'idée de fabriquer des santons de Charlevoix en leur donnant une couleur folklorique locale.

    Comme le veut la tradition, les santons de Charlevoix sont fabriqués en terre cuite et peints à la main. Chaque pièce est unique dans sa décoration selon l'inspiration de l'artisan. Les personnages (le curé, le notaire, le bucheron, la vieille fille...) sont placés dans la crèche devant des maisons typiques de Charlevoix.

    Ceux que tu vois ici nous ont été donnés en cadeau. De Suzie et Michel, Claude reçut L'avocat portant la toge et le rabat. Ces deux amis me réservaient La maîtresse d'école ayant un livre ouvert au chapitre de Menaud, maître draveur. Claire et Jacques nous ont apporté La bourgeoise endimanchée en tenue hivernale. Quant au Gardien du phare, santon de Matane, ce fut notre belle-fille Martine qui le glissa plus tard sous notre arbre de Noël. Quatre jolies figurines porteuses de sens, offertes avec affection par des gens que nous aimons.

– Voilà pourquoi, Plumeau, je te demande d'en prendre grand soin.