La Première

    Laissé sur sur une étagère, Plumeau entend une voix. Il regarde autour de lui. À sa grande surprise, c'est la danseuse à la Margie Gillis tout de bronze vêtue qui lui parle. C'est ainsi que s'établit un dialogue avec La Première, nommée ainsi et pour cause par son créateur Gérard Bélanger.

– Puisque nous sommes seuls, que l'artiste de la maison n'est pas là pour entendre, puis-je te confier, toi qui la connais bien, que l'auteur de mes jours a eu une grande influence sur elle ?

– Comment ?

– En effet, Gérard Bélanger peut se vanter d'avoir ouvert les portes de l'audace à cette aeriste timide. Peintre reconnue depuis des années, Yvonne n'avait jamais osé s'adonner à la sculpture. Regarde maintenant autour de toi l'abondance des sculptures qu'elle a réalisées. Tu en es le meilleur témoin, tu les époussettes régulièrement.

– Oui, une vingtaine de bronzes. Mais veux-tu me raconter comment ton créateur et elle se sont rencontrés ?

– Avec plaisir. D'autant plus que j'y ai joué un rôle important.

– Comment ?

– C'était en 1986. Jusqu'à cette date, les sculpteurs québécois devaient faire couler leurs bronzes à l'étranger. Gérard prit sur lui de solutionner le problème en créant une fonderie de bronze au Québec. Ambition coûteuse. C'est alors qu'il eut l'idée de me concevoir, moi, La Première, avec un tirage de cent exemplaires, pour amasser le capital nécessaire à l'achat d'une église protestante fermée au culte à Inverness et l'équipement d'une fonderie.

– Ça n'a pas dû être facile de trouver preneurs pour cent œuvres en bronze. Ce n'est pas à la portée de toutes les bourses.

– Étonnamment, Gérard fut soutenu par tout un réseau d'amis qui se sont fait un devoir de l'aider et d'en faire la promotion. Les cent sculptures ont été vendues. La Fonderie d'Art d'Inverness pouvait naître. L'exemplaire de Claude et Yvonne porte le numéro sept. C'est dire qu'ils sont parmis les premiers acquéreurs. C'est là qu'ils ont connu Gérard et développé avec lui une amitié durable et inspirante car j'ai la prétention de croire que ma présence a développé chez la peintre le désir de travailler en trois dimensions.

– Merci, adorable conteuse, d'avoir partagé avec moi cette fascinante histoire. Elle ajoute un éclairage nouveau à tous ces bronzes que j'ai le plaisir de caresser délicatement du bout de mes plumes.


Yvonne Tremblay Gagnon et Gérard Bélanger,
créateur de la Fonderie d'art d'Inverness


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