Le coucou

    Plumeau époussette une jolie cabane fixée au mur du salon quand subitement un oiseau surgit d'une petite porte et lui fait coucou ! Ce cri lui est familier. N'était-il pas un volatile dans sa vie antérieure ? Il reste cependant perplexe de le voir sortir d'une boîte à surprise et y retourner aussitôt. Je me vois obligée de lui expliquer.

    La première fois que j'ai vu une pareille pendule, c'était chez tante Laure, une tante de mon père à Métabetchouan. De tous les objets qu'il y avait dans sa riche demeure, il n'y avait pas pour moi plus grande merveille que le coucou. Je me souviens d'avoir passé de longs moments devant le coucou pour voir apparaître l'oiseau magique. J'ai dû en parler souvent à mes enfants puisqu'ils ont eu l'idée de nous en offrir un à notre quarantième anniversaire de mariage.

    Le nôtre se distingue par quelques éléments originaux dans sa décoration. Devant le chalet suisse traditionnel, il y a un cœur rouge qui orne la galerie, une roue à aubes et un couple de danseurs automates qui s'anime après la sonnerie de l'heure suivie de la mélodie Edelweiss. À la demie, c'est le joyeux It's a small world qu'on entend.

    Après quinze ans d'usage, notre coucou s'est arrêté. Avant de le déplacer, nous allons consulter un horloger, côte de la Fabrique à Québec. Par un heureux hasard, c'est à Monsieur Zimerman, fondateur de la maison et père du propriétaire actuel, que nous exposons le problème. Horloger retraité, d'origine suisse, Monsieur Zimerman affectionne les coucous. Spontanément, il offre de venir chez nous faire l'examen du nôtre. De son examen, il déduit que ce n'est qu'un manque d'huile dans le mécanisme.

    – Avez-vous de l'huile de moulin à coudre ?, demande-t-il.

    

    C'est par lui que nous avons appris comment entretenir le mécanisme de notre joyeux coucou, un des plus beaux de styles bavarois, selon notre samaritain. Depuis ce temps, notre coucou continue son tic tac régulier, marque l'heure et téjouit le cœur des petits et des grands.