Le trait d'union

    Une reproduction d'œuvre d'art peut avoir une plus grande importance qu'on pense. Notre Plumeau vagabonde dans mon atelier. Arrêt devant une image. À moi d'en parler.

    Il s'agit de la photo d'une sculpture en marbre intitulée Le trait d'union. On y voit un couple assis sur un banc tenant un enfant debout entre eux. Celui-ci tient sa maman par le cou et regarde son papa lui baisant la main. Image attendrissante célébrant le bonheur d'une famille aimante.

    Cette image, je l'ai vue dès ma tendre enfance. Elle était accrochée à un mur de la chambre de mes parents. J'ignorais jusqu'à ce jour le nom de cer artiste génial qui avait réalisé ce chef-d'œuvre, car seul le titre était inscrit au bas de l'image. Une recherche récente m'apprend qu'on le doit à Jacques-Maurice Boyriven autout des années 1910. Cette reproduction m'a certainement marquée, puisque quarante ans plus tard, je la peignais de mémoire dans le miroir du tableau Annabelle. 

    Par un hasard de la vie, peu de temps avant sa mort, mon père m'arrive avec Le trait d'union sous le bras et me l'offre, à moi la benjamine de la famille. Émue, je ne lui ai pas demandé ce qui me valait ce cadeau. Je l'ai accueilli comme une marque d'affection, sans plus. C'est maintenant que j'en mesure l'intention. Il savait sans doute qu'à cause de mon métier d'artiste, je pouvais l'apprécier, voire m'en inspirer.

    J'ai mentionné plus haut que cette image avait jailli de mémoire dans un tableau peint jadis ; elle revient maintenant de façon plus insistante. 

    En effet, à la suite de Tango, ma dernière sculpture comptant deux personnages, l'idée me vint d'oser un groupe de trois. Le trait d'union surgit impérativement. Le titre en est donné : La famille. Dilemne à la Salomon pour moi qui ai eu quatre enfants. Le groupe sera donc de six. Père, mère et quatre enfants.

    Le trait d'union m'aura influencée car porteur d'une valeur immuable, transmise par mes parents, la famille.