Les premières pièces en argile



    Poursuivant son dépoussiérage, Plumeau s'affaire dans mon atelier. Trois céramiques bien différentes disposées sur une étagère l'interpelle. Je me dois d'expliquer.

    Ce sont mes toutes premières céramiques. La daye inscrite en dessous marque1968, année où je suivais un atelier de céramique au Centre culturel du Mont-Jacob à Jonquière. Gatien Moisan animait cet atelier. Jeune et dynamique, il possédait toutes les qualités d'un bon professeur : compétence, pédagogie, rigueur et humour. Il avait mis au programme la réalisation de trois pièces de techniques différentes.

    L'émotion me gagne en évoquant le nom de Gatien, car je viens d'apprendre que mon ancien professeur et ami se bat actuellement contre un cancer. J'espére de tout cœur qu'il saura relever ce nouveau défi.

    Revenons aux artefacts de mes balbutiements de l'argile.

    La première piêce est un bol réalisé aux colombins. C'est une technique primitive dans l'art de la céramique que l'on doit aux Amérindiens. Elle consiste à fabriquer un objet en superposant des boudins d'argile humide collés avec de la barbotine, fermement soudés à chaque tour. L'artiste peut ouvrir ou refermer la pièce en plaçant le boudin soit vers l'extérieur soit vers l'intérieur du bâti. Après le séchage à l'air libre et une cuisson à haute température, on applique une glaçure qui rend imperméable et décoratif. Une autre cuisson révèle le résultat final. Émerveillement ou déception, selon les attentes.



 

    La deuxième céramique d'allure filiforme fut faite à la technique par assemblage. À partir d'une pièce d'argile roulée, j'ai créé un personnage en surmontant ce haut cylindre d'une tête ronde avec la bouche grande ouverte. De longs bras minces pendent de chaque côté. Nous étions au plus fort de la guerre du Vietnam et de la guerre civile au Biafra. Les reportages médiatisés nous informaient des effets horribles de ces guerres. Les aléas de la cuisson donnèrent à la surface de la glaçure de mini-boursoufflures. Cet heureux accident accentue le côté tragique vécu par le personnage. Cette s'impose comme l'expression de la terreur.

 

    La troisième pièce est un tout petit vase orné d'un pantin qui culbute autour. Je l'ai réalisé au tour du potier. C'est la technique la plus difficile à mon avis. Pour y arriver, il faut d'abord bien center une motte de terre humide sur le plateau du tour, la tenir fermement avant d'actionner avec ses pieds le mécanisme. La pièce monte d'abord en prenant la forme d'un cylindre. Ensuite, avec les pouces, on la creuse, la rétrécit selon la forme désirée en tenant toujours le pièce en mouvement.Un simple geste maladroit risque de tout faire revoler. Pas facile, je vous dis ! Je suis quelque peu fière d'avoir réussi au moins cette pièce au tour de potier ; je pense qu'elle mérite d'être exhibée dans mon atelier comme un trophée.

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