Les tasses à thé

    Non, Plumeau, tu n'as pas accès au vaisselier. Tu ressemblerais à un éléphant dans un magasin de porcelaine. C'est le cas de le dire, car il y a de jolies tasses aussi fragiles que rares aujourd'hui. Je t'explique.

    Les tasses de thé individuelles n'ont plus la cote qu'elles avaient dans les années cinquante et soixante alors qu'elles étaient le cadeau traditionnel offert à la future mariée.

    Pour faire le pendant de l'enterrement de vie de garçon chez les hommes, les amies de la future mariée organisaient une réception en son honneur. Réception très différente de celle offerte au futur époux par ses copains. Je ne suis jamais allé à celle-ci, mais on disait que c'était l'occasion de situations cocasses et d'histoires salaces. Chez les filles, c'était mondain et charmant.

    L'enterrement de vie de garçon soulignait au futur époux les interdits que la vie de couple lui imposerait et souvent, à la fin du party, on le promenait dans un cercueil. La coutume remonterait au Moyen Âge.

    Le shower chez les filles viendrait des États-Unis, probablement hérité de traditions anglaises. Les amies se réunissaient en après-midi autour d'une tasse de thé. Chant et musique au programme. Chacune apportait une tasse de fantaisie à la fiancée qui se voyait ainsi propriétaire d'une chouette collection de fine porcelaine souvent peinte à la main.

    Je n'ai pas eu de shower, car nous étions en deuil de la maman de Claude décédée un mois avant notre mariage. Malgré cela, j'ai reçu quelques jolies tasses individuelles de fabrication anglaise, française, chinoise, japonaise, souvent de grandes marques comme Aynsley, Royal Albert, Limoge.

    Je me demande pourquoi cette tradition s'est interrompue. Probablement du fait que les mariages sont devenus rarissimes.

    Aujourd'hui, ces tasses que j'ai conservées précieusement reprennent du service avec la popularité grandissante que connait le thé, et j'ose même croire qu'elles en rehaussent le goût.