Ombre du soir

    Sur une étagère de la bibliothèque, une statuette en bronze discrètement en retrait interpelle Plumeau.

Pourquoi passes-tu si vite devant moi ? Si tu prenais le temps de m'écouter, je t'expliquerais mon histoire.

    En entendant cela, Plumeau intrigué revient, se dépose à ses pieds et pour la première fois, lit l'inscription gravée à sa base : Ombra della sera.

– Elle n'est pas banale mon histoire puisqu'elle remonte à 2300 ans avant Jésus-Christ. Pour être honnête, Plumeau, c'est l'original qui date de cette époque. Il fut découvert en 1750 à Volterra en Italie par un fermier en labourant son champ. Le pauvre ignare n'y a vu qu'un objet pouvant lui servir de tisonnier, profanation innocente d'un des plus beaux spécimens de l'art étrusque. Heureusement, la statuette de bronze a résisté à l'usage sans altération à la finesse des traits du visage. Moi, je ne suis qu'une copie de ce chef-d'œuvre de l'art étrusque.

– Mais, dis-moi d'où vient ton nom ?

– Il me vient du poète italien Gabriele D'Annunzio qui, voyant mon ombre allongée projetée sur le sol, m'a baptisée Ombra delle sera, en français Ombre du soir. Il est beau mon nom, hein ?

– Oui, il est très poétique.

– J'entends dire parfois que je dois être une créature de Alberto Giacometti. C'est me rajeunir drôlement puisque ce sculpteur suisse a vécu au vingtième siècle, mais il est plausible de croire que Giacometti se soit inspiré de moi pour créer ses personnages filiformes. Je le prends comme un hommage qui s'ajoute à mon titre d'emblème de Volterra, nécropole étrusque.

– Bravo Ombre du soir ! Laisse-moi te saluer bien bas de toutes mes plumes.


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