Son dernier tricot



    Toujours en grand-ménage, Plumeau erre d'un meuble à l'autre. Il se questionne parfois sur l'utilité de certaines choses ou encore sur ce que cachent boîtes et coffrets fermés. Aujourd'hui, un petit coffre en bois marqueté de nacre l'intrigue. Trop joli pour être anodin, il renferme sûrement quelque chose d'important. Vous permettez que je l'ouvre pour lui ? Étonnant : un tricot inachevé, un crochet et une minuscule pelote de fil écru.

    D'où cela vient-il et pourquoi le garder comme un souvenir important ?

    Reportons-nous en 1962. Notre fiston Yves, assis dans un fauteuil du salon, regarde Bobino à la télé, quand sa main machinalement plongée entre siège et dossier sent quelque chose. Il en sort un tricot à peine commencé. L'enfant bondit dans la cuisine, les larmes aux yeux, me montre la chose et dit : « C'est à grand-maman ! »

    Il m'amène voir l'endroit où il l'a trouvé, À mon tour, je glisse ma main à l'arrière du siège et en extirpe une pelote de fil piqué d'un crochet.

    Ce dernier vestige des mains de ma mère signifie beaucoup pour moi. Il me parle de la vaillance de maman qui, jusqu'à la fin de sa vie, se rendait utile. Sa santé défaillante handicapait ses jambes, mes ses doigts agiles continuaient de s'activer. On la voyait toujours un tricot à la main qu'elle destinait aux siens. Pour ma part, j'ai reçu beaucoup de jolis centres de tables et surtout une nappe que je sors dans les grandes occasions.

    Merci Plumeau ! Ta curiosité réchauffe le cœur et me donne l'occasion de dire le sens caché de certaines choses d'apparence anodines.

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