Tango

– Dis-moi Tango, pourquoi lorsque mes plumes t'époussettent elles le font de façon sensuelle, comme entraîées par un son de bandonéon ?

– C'est me rendre hommage, cher Plumeau. C'est dire que le mouvement que m'a donné Yvonne exprime bien la passion du tango.

– Tu es la seule sculpture parmi celles que j'ai le plaisir d'épousseter qui me fait cet effet. Les autres bronzes m'émeuvent pour d'autres raisons. Par exemple, c'est plutôt de la tendresse que je vois dans ceux représentant les membres de la famille

– Difficile pour moi de te l'expliquer. Même l'artiste ignore souvent pourquoi les choses prennent âme. Cette âme surgit au cours de la création de l'œuvre. Et c'est long, tu sais, avant d'en arriver à la touche finale. Pour moi, Tango, ce fut des mois de travail. Si tu veux, je vais te montrer en images les étapes de ma fabrication en bronze.


Après avoir créé l'œuvre originale en argile dans son atelier, Yvonne l'a apportée aux techniciens et artisans de la Fonderie d'art d'Inverness. Leur tâche sera de reproduire en bronze ce qu'Yvonne a créé en terre. Pour ce faire, il y a eu plusieurs étapes.

1. On a fait un premier en silicone qui a pris l'empreinte de l'œuvre.

2. Dans ce moule, on y a coulé de la cire. À cette étape, Yvonne est intervenue avec Mélanie pour vérifier si la réplique en cire était fidèle à l'original et y apporter des corrections.

3. Sur cette réplique en cire de l'œuvre originale, un nouveau moule fut obtenu en apposant plusieurs couches de barbotine (céramique liquide). Une fois séché, ce moule fut cuit dans un autoclave sous forte pression, ce qui a eut pour effet de le durcir et d'en évacuer la cire.

4. C'est dans ce moule en céramique que le fondeur a versé du bronze en fusion qui a pris la place qu'occupait la cire dans le premier moule. C'est la coulée, une opération délicate et spectaculaire.

5. Une fois refroidi, le moule en céramique a été cassé pour en extirper le bronze, le ciseler, le polir.

6. La sculpture Tango est née, mais c'est par les patines qu'elle a revêtu sa robe définitive, laquelle fut obtenue par l'application à chaud d'acides sur le bronze. Travail délicat qui demande expérience et savoir-faire.

Et me voici dans deux versions. Celle à la jupe couleur jade est la mienne. L'autre à la jupe rouge danse avec bonheur chez les amis Raymonde et Denis.

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